Des livres écrits sous la supervision de Lioudmila Oulitskaïa accusés de relever de la propagande homosexuelle

10 Fév

Image

(source photo : Nouvelobs.com)

Le parquet de l’oblast d’Oulianovsk a ouvert une instruction concernant la série de livres publiés dans le cadre du projet « Detskiy » (« Enfant »), dont la rédaction a été supervisée par Lioudmila Oulitskaïa. Selon le parquet, ces livres relèveraient de la propagande homosexuelle. Parmi les livres ciblés par cette enquête se retrouvent également l’œuvre de la publiciste Irina Yasina « Человек с человеческими возможностями » (« Des êtres humains avec des possibilités humaines ») et celle de l’auteur pour enfants Andreï Ousatchev, « Всеобщая декларация прав человека » (« Déclaration universelle des droits de l’Homme »).

Le parquet de l’oblast d’Oulianovsk a ouvert une instruction sur les livres écrits dans le cadre du projet « Detskiy » supervisé par Lioudmila Oulitskaïa (la lauréate du prix Booker russe). Selon l’organisme de surveillance, ces oeuvres pourraient comporter des « éléments de propagande clairs en faveur de l’amour entre personnes du même sexe et de la pédophilie ». L’assistant du procureur de l’oblast d’Oulianovsk, Vassili Zima, a affirmé au Kommersant jeudi qu’une enquête était en cours.

Cette dernière porte sur la série de livres « Другой, другие, о других » publié chez EKSMO dès 2012 pour les enfants âgés de dix à doux ans dans le cadre du projet « Detskiy », avec le soutien de l’Institut pour la tolérance. Ces « livres portent sur différents aspects de la vie : la famille, les religions, la cuisine, l’habillement, les coutumes des différents peuples », peut-on lire sur le site de l’institut. En janvier dernier, treize livres de cette série ont été repris par le centre pour la tolérance, récemment créé au sein de la bibliothèque scientifique du palais du livre de l’oblast d’Oulianovsk.

Des réclamations ont été introduites auprès de la direction de la bibliothèque concernant huit de ces livres, dont le livre de la publiciste Irina Yasina et celui du célèbre auteur pour enfants Andreï Ousatchev. « Le livre de Vera Timentchik, « La famille dans notre pays et chez les autres », fait l’objet d’une enquête. Je ne ferais moi-même pas lire ce livre à mes enfants », a déclaré la directrice de la bibliothèque, Svetlana Nagatkina. Selon elle, la direction de la bibliothèque a fait part de ses inquiétudes à la ministre de la culture de l’oblast d’Oulianovsk, Tatiana Ivchina. La direction de l’organisme de surveillance a à son tour demandé que les livres en question soient envoyés au ministère régional de l’enseignement, afin de déterminer s’ils relèvent ou non de la propagande homosexuelle. Nul ne sait si les spécialistes du ministère ont déjà pu rendre leur avis. Tatiana Ivchina n’était pas disposée à commenter l’état de la situation au moment de la rédaction du présent article.

La campagne contre le projet de Lioudmila Oulitskaïa est menée par le mouvement « Résistance parentale partout en Russie » (« Всероссийское родительское сопротивление »), dirigé par l’épouse du politologue Sergueï Kourguinian, Maria Mamikonian. Elle a notamment envoyé une lettre le 25 janvier dernier à l’adjoint du gouverneur de l’oblast d’Oulianovsk, Mihaïl Sytchev (chargé de la politique intérieure), concernant l’ouverture du centre pour la tolérance et la diffusion des livres écrits dans le cadre du projet « Detskiy ».

Oleg Samartsev, professeur de la faculté de journalisme de l’université d’État d’Oulianovsk, choisi par le parquet pour faire partie du groupe d’experts engagés pour tirer cette affaire au clair, a déclaré au Kommersant qu’il n’était pas partisan de la propagande et de la vulgarisation des relations sociales non traditionnelles en dehors des impératifs moraux. « Dans ces livres, la frontière entre le bien et le mal est déplacée », a affirmé l’expert.

Le directeur du fonds interrégional pour la défense des droits, Igor Kornikov, qui oeuvre également en faveur de la défense des droits de l’enfant, ne constate quant à lui aucune propagande homosexuelle dans les livres visés. « Je ne comprends pas du tout comment les livres de Yasina et Ousatchev ont pu se retrouver dans cette liste. Je pense qu’il s’agit d’une phobie, cultivée au niveau fédéral, qui fait les affaires des stratèges politiques », a souligné le défenseur des droits de l’Homme.

Sergueï Titov, Oulianovsk — Article traduit du russe par Amandine Gillet

Lien vers l’article original : http://www.kommersant.ru/doc/2402899

Laisser un commentaire