Le procès des membres du groupe punk Pussy Riot se poursuit au tribunal Khamovnichesky de Moscou. Nadezhda Tolokonnikova, Maria Alehina et Ekaterina Samoutsevitch sont accusées de houliganisme dans la cathédrale du Christ-Sauveur de la capitale. En ce moment, ce sont les victimes qui sont écoutées. L’une d’entre elles, le gardien de la cathédrale, Sergueï Beloglazov, a déclaré qu’en raison de la performance des jeunes filles, il n’avait pu se rendre à son travail pendant deux mois. Il n’a toutefois pas souhaité blâmer les punkettes.
« En dix ans, je n’ai jamais rien vu de tel dans la cathédrale. J’ai été stupéfait », a expliqué M. Beloglazov au tribunal. Il a raconté qu’il avait accouru aux cris des employés et qu’il avait tenté de faire sortir les jeunes filles. Selon lui, il s’agit d’une action offensante qui a découragé les fidèles de la cathédrale. « A cause de cela, je n’ai pas pu aller travailler pendant deux mois », a-t-il affirmé.
Il a toutefois tenu à préciser qu’il ne blâmait pas les membres du groupe Pussy Riot. « En tant que croyant, je suis prêt à leur accorder mon pardon, je ne leur en veux pas. Je pense qu’elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient », a expliqué M. Beloglazov. Il a affirmé que son but n’était pas que leur punition soit des plus sévères. Il a laissé à la Cour le soin de déterminer la peine qu’elle jugerait opportune. Il a en outre renoncé à demander un dédommagement matériel, a rapporté Interfax.
Selon les conclusions de l’enquête, les jeunes filles ont mené cette action par haine de la religion et de la communauté que représentent les croyants orthodoxes. Le Code pénal russe prévoit une peine maximale de sept ans de prison pour ce type d’actes.
Les inculpées ne sont toutefois pas d’accord avec la description de leurs actes. Elles martèlent que les motivations de leur action étaient uniquement politiques et qu’elles n’éprouvent aucune haine pour la religion. Les punkettes se sont par ailleurs excusées et ont reconnu que leur action avait pu froisser la sensibilité des croyants. « Notre refus de plaider coupable [pour houliganisme] ne signifie pas que nous ne sommes pas prêtes à nous expliquer et que nous ne reconnaissons pas notre erreur. Notre erreur a été de jouer ce genre de musique dans une cathédrale et si quelqu’un s’en est trouvé offusqué, je suis prête à reconnaître que nous avons commis une faute éthique », a déclaré Mme Tolokonnikova au nom des autres membres du groupe. Elle a ajouté que l’erreur de son groupe était d’ordre moral et non pénal.
Fin février 2012, cinq jeunes filles affublées de déguisements et de masques sont entrées dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou pour y donner un concert clandestin qu’elles ont elles-mêmes qualifié de « punk religieux ». Leur action s’est résumée à des danses et des chansons plutôt énergiques dans lesquelles elles ont insulté le patriarche Kirill et le candidat à la présidentielle d’alors, Vladimir Poutine. Lorsque la sécurité de la cathédrale a tenté de mettre la main sur les jeunes filles, celles-ci ont tenté de fuir. Par la suite, les Pussy Riot ont reconnu être les auteurs de cette action.
Article traduit du russe par Amandine Gillet
Lien vers l’original : http://www.vesti.ru/doc.html?id=863087&863087